Pour une autre AFRIQUE – Michel Rocard – Flammarion – 2001 – p. 138
Résumé :
L’Afrique va mal. Voilà bientôt cinquante ans que nous en avons pris conscience mais les choses ne s’arrangent pas. Il est temps de comprendre que si nous nous occupons de l’Afrique, nous nous en occupons mal. Lui venir en aide de façon globale et par à-coup, uniquement lorsque des catastrophes nationales ou des conflits locaux nous poussent à réagir, ne lui est d’aucun secours.
Il est temps de réfléchir à l’avenir de l’Afrique de façon efficace et coordonnée, en prenant en compte ses particularités, en conduisant une politique que ne dictent plus nos propres intérêts et qui cesse de répondre à une vision occidentale, mais mise sur les possibilités réelles de l’Afrique.
Michel Rocard fut président de la commission de Coopération et de développement du Parlement européen de 1997 à 1999.
Michel Rocard fut président de la commission de Coopération et de développement du Parlement européen de 1997 à 1999.
Commentaire :
Dans son livre Michel Rocard consacre les premiers chapitres à la Paix, la Démocratie et la place de l’Etat préalables nécessaire au développement. Seul le dernier chapitre concerne le développement à proprement parlé, ce qui est regrettable. Néanmoins il présente des idées intéressantes (pour l’époque) qui aujourd’hui sont appliquées (pour certaines), tel que la nécessaire décentralisation des actions de développement à l’échelle des territoires (unités régionales, ou de circonscription) et la plus grande implication des bénéficiaires dans les montages des projets de développement. A ce titre, il dénonce « un peu » les principes dominants des grands bailleurs de fonds que sont la Banque Mondiale et le FMI :
- Equilibre budgétaire de l’Etat à tout prix, même au x détriments des services sociaux fondamentaux (Santé, Scolarité…) via les politiques d’ajustement structurel des années 90
- Privatisation des secteurs collectifs (Energie, Eau, Transport…)
- Moteur du développement est constitué par l’exportation et les investissements directs étrangers
Bien que ces critiques ne soient pas infondées, et que la politique de ces deux bailleurs soit pour le moins « dirigistes », un peu plus de nuance et de précision aurait été souhaitable dans le développement de l’argumentation.
Enfin, l’auteur présente un raisonnement qui me semble erroné, pour lui le vrai enjeu de la stratégie de lutte contre la pauvreté, n’est pas de réduire le nombre de « pauvres » mais de leur offrir des produits de consommation moins cher et adaptés. Il me semble qu’il est préférable, dans la cadre de cette stratégie, de tendre vers l’augmentation du revenu de cette part de la population, principe valable autant au Sud qu’au Nord.
Pour autant le livre présente l’intérêt de donner le point de vue d’un homme, habilité par ces fonctions, aux commandes de la politique de coopération européenne. Malheureusement, il fait parfois plus preuve de bon sentiment que de professionnalisme.